lundi 7 novembre 2011

Attention coup de coeur!

Quelque part après Rennes, après Redon, après Peillac, dans une contrée brumeuse et boisée inconnue du GPS, il y a la maison de Gérard et Annie. C'est là, dans cette longère restaurée de ce tout petit hameau que j'ai trouvé deux grands coeurs qui battent au rythme de l'humanité... et de la musique.
"Je n'ai rien de particulier, c'est l'histoire de madame Toutlemonde", me dit Annie. Bon. Est-ce que madame Toutlemonde, suivant monsieur Toutlemonde dans ses voyages à l'étranger, confrontée à la misère des enfants des rues, aurait "naturellement" décidé d'en adopter six?
Est-ce que madame Toutlemonde se serait battue pour améliorer le sort de ces enfants partout où elle le pouvait?

Mais revenons au commencement. Au commencement, il y a la musique et une petite fille, Annie, qui écoute à la porte du salon familial les leçons prises par son frère, jusqu'au jour où le professeur l'intègre à ses cours. La musique la prend pour ne plus la lâcher et sera un fil rouge de sa vie.
Lorsqu'Annie rencontre Gérard, elle le suit dans ses pérégrinations à l'étranger- il fait partie de la marine marchande -. Le spectacle des enfants mendiant sur les quais, montant à bord, la marquera à jamais.
Avance rapide: le couple finit par adopter six enfants, dont des fratries. Annie devient Déléguée permanente à l'Onu sur la question de l'adoption.

Mais Annie et Gérard ne peuvent adopter tout le monde. Que faire des enfants qui restent? Un prêtre béninois en résidence chez eux leur parle des enfants sorciers: ces bébés qui ont le malheur de naître par le siège, de tomber face contre sol à la naissance ou de faire une poussée dentaire dans le "mauvais" sens, signes qui disent sans coup férir leur appartenance au monde des ténèbres. Ils sont donc mis à mort. Comment agir contre ce phénomène qui a pour but de "délivrer" l'enfant?
Annie est une terrienne: elle crée une association, Espoir sans Frontières, et construit une maternité pour au moins empêcher que l'enfant tombe du mauvais côté ou faciliter les naissances par le siège: voilà une partie des critères sorciers éliminés. Elle mène ensuite une campagne de sensibilisation. Le phénomène existe encore aujourd'hui, pour des raisons économiques (le métier de bourreau est considéré comme noble) et culturelles. Mais des alternatives existent pour les femmes, en partie grâce à l'association.

Derrière ma caméra, je me dis qu'il faudrait au moins une semaine de tournage pour récolter toutes les actions, toutes les anecdotes menées en Afrique, en Amérique du Sud, en France aussi. Et je n'ai qu'une demi-journée, même si Gérard, toujours efficace et discret, nous prépare un déjeuner sur le pouce (dont le dessert est en photo :)).
Alors revenons à la musique: Espoir sans Frontières organise des concerts. D'abord, l'association a fait venir des orchestres en France. C'est ainsi que l'orchestre national du Kazakhstan est venu jouer dans les petites bourgades du Morbihan. J'aurais bien voulu voir ça:  "Chat noir, Chat blanc" rencontre les binious.. Ensuite, l'association a mis en place un orchestre et un choeur composés de musiciens professionnels qui se réunissent pour jouer des oeuvres au profit des causes défendues par Espoir sans Frontières.
D'ailleurs le 11 février 2012, un concert exceptionnel aura lieu à l'Unesco pour célébrer les vingt ans de l'Association. La recette sera versée au profit de l'antenne d'ESF au Honduras, et a pour but d'aider l'opération cardiaque d'une jeune fille. Bientôt la billetterie sera ouverte sur le site d'ESF.

Depuis de longues années, Annie est gravement malade. Vous le verrez sur la vidéo, elle ne peut se passer d'une assistance respiratoire. "Je vis de grands chaos physiques", dit-elle simplement. Cette maladie l'empêche de jouer du violon; l'empêche de repartir sur le terrain aussi. Bon disons-le tout net: on a envie de casser la gueule à cette maladie. "Mais je voudrais transmettre ma joie de vivre", ajoute-t-elle. "Et aussi le fait que si moi j'ai pu m'engager, tout le monde peut le faire: il n'y a rien de compliqué, il faut juste oser". Ne pas attendre d'être Gandhi ou Mandela: juste y aller.
D'ailleurs Espoir sans Frontières organise une opération spéciale parrainage. Allez-y, c'est sur leur site!




1 commentaire:

  1. Merci Claire pour cette histoire. Il y en a tant comme elle, à qui personne ne fait attention. Égoïsme et Quant-à-soi, font la France d'aujourd'hui, celle qui se résigne à vivre pour soi.

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