mardi 27 septembre 2011

Catherine, la femme aux semelles de vent

Elle marche à grandes enjambées, vagabonde, le nez au vent, son appareil photo en bandoulière; elle parle aux oiseaux (même aux pigeons). Elle est l'amie des enfants du village et aussi des personnes âgées. Voilà Catherine, la femme la plus libre que je connaisse. Nous nous sommes rencontrées par hasard: elle était ma voisine lorsque j'ai loué une maison quelques semaines à Saint-Briac.
La liberté, c'est d'abord celle qu'elle s'est donnée, en démissionnant d'un poste d'ingénieur pour se reconvertir comme photographe professionnelle, spécialiste du noir et blanc. C'est aussi celle de parcourir la planète - voyages dans les déserts du Maghreb, notamment - et de revenir s'enraciner dans ce petit coin de Bretagne, faisant de son atelier une fenêtre ouverte sur le monde.
On entre dans cette ancienne maison de pêcheur, et hop, nous voilà transportés sur les ailes d'un oiseau, à la rencontre des nomades tunisiens, ou plongés dans un désert urbain. Et toujours la précision, la netteté du noir et blanc, comme des encres de Chine. L'impression d'avoir des yeux tout neufs. On se laisse prendre par un regard, une attitude, des courbes de paysage qui dessinent des figures, des symétries qui se révèlent dans une rampe, un escalier, un chemin. Le familier devient étranger, l'étranger devient familier. Elle nous aide à porter un regard nouveau sur les choses.
Catherine, c'est aussi un art de la justesse pratiqué avec une délicatesse extrême: elle est là, dans son atelier, accueille le visiteur, parfois lui offre un thé quand elle sent la possibilité d'un dialogue, mais ne s'impose jamais. Elle le laisse aller à la rencontre des images, à la rencontre de lui-même parfois dans un effet miroir déconcertant.
Elle a mis en place un jeu de poses à son image: dans des villes ou des villages, elle va dans les cafés, les écoles, les foyers, et demande à chacun de prendre la pose. Une "belle émotion", comme elle dit souvent.
Son portrait, c'est ici.
(Et Merci à Verlaine - et non Rimbaud - pour le titre de ce post - Merci à Marie-Claude pour avoir corrigé mon erreur)





1 commentaire:

  1. Merci au film, la phrase n'est pas de Rimbaud, mais c'est ainsi que l'appelait Verlaine


    http://azumi57.unblog.fr/2008/02/03/rimbaud-lhomme-aux-semelles-de-vent/

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